Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/122

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d’un turban superbe, portait une tunique en guenilles ; un troisième, n’ayant ni turban ni tunique, s’était enveloppé le corps dans un beau schall de laine rouge : l’aga lui-même offrait le contraste de la magnificence et de la pauvreté ; il était vêtu en vert et rouge, mais il n’avait pas de chemise sur le corps. Il vint à bord avec toute sa cour. Voyant mon pilote, que j’avais amené de Morada, s’avancer pour lui baiser la main, il le repoussa avec un air mécontent, en disant : Osez-vous m’empêcher de louer un bateau ? Je dis alors à l’aga, que si en louant un bateau d’un autre que lui, je lui causais du déplaisir, je préférais retourner, n’étant pas empressé de voir un pays où il n’y avait rien qui pût m’intéresser, et de faire un voyage qui me causerait des dépenses énormes. À cette réponse il se calma tout à coup ; et quand j’eus ajouté que las de tous les obstacles que je rencontrais, j’étais déterminé à ne pas prolonger mon voyage, il m’offrit, d’un ton radouci, son propre bateau pour le prix qu’il aurait fait payer à un Nubien, et sous la condition expresse, que le bateau serait entièrement à ma disposition ; qu’il avancerait ou s’arrêterait à ma volonté, qu’il nous conduirait à la seconde cataracte, et qu’il nous ramènerait ; que je pourrais rester même une quinzaine de jours