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ni pour dissiper celle que j’avais. Sur ces entrefaites, mon janissaire vint du bateau m’apporter du tabac. Nous commençâmes donc à fumer ; on servit du café ou plutôt du gryadan. Néanmoins mon Turc soutint que les matelots ne voudraient pas avancer davantage, parce qu’ils auraient peur de se hasarder dans le haut pays. Je lui dis que s’il voulait me donner une lettre pour son frère Osseyn, nous ne courrions plus de danger ; et je lui montrai la lettre de Khalil-bey à Esné, adressée à son frère. Après l’avoir parcourue, il me fit observer qu’elle ne désignait pas le lieu où je voulais me rendre. Voyant que j’allais rencontrer encore des obstacles, je lui dis franchement que s’il me laissait continuer mon voyage, je lui ferais un très-joli présent, consistant en un très-beau miroir, du savon et du café ; si, au contraire, il nous forçait à retourner, il perdrait tout, et il exciterait en outre le mécontentement du bey d’Esné. Sa réponse fut : « Nous parlerons de cela demain. » Je fus donc obligé de retourner au bateau sans réponse positive.

Le lendemain je me rendis encore chez lui de bonne heure. Dès qu’il me vit, il demanda le miroir. Je lui dis que je le tenais prêt, pourvu qu’il me donnât une lettre pour son frère à Far-