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voyages en égypte,


laquelle on est obligé de ramper en passant à plat ventre sur des pierres aiguës qui coupent comme le verre. Après avoir passé par les corridors, dont quelques uns ont cent à cent cinquante toises de long, on arrive à des caveaux un peu plus spacieux : c’est là que les momies sont entassées de tous les côtés par centaines et par milliers. Ces derniers réduits sont repoussans par l’horreur qu’ils inspirent. Les monceaux de cadavres dont on est entouré, la noirceur des parois et de la voûte, la faible lumière que jettent, au milieu d’un air épais, les torches des Arabes qui servent de guide dans ces sépulcres, et qui, décharnés, nus et couverts de poussière, ressemblent aux momies qu’ils font voir au voyageur, l’éloignement où l’on se trouve du monde habité, tout contribue à effrayer l’âme de l’Européen dans ces excursions souterraines. J’en ai fait plusieurs ; j’en suis revenu souvent tout épuisé de fatigue et près de me trouver mal ; cependant l’habitude m’a aguerri contre l’horreur de ce spectacle, quoique la poussière des momies ait toujours affecté très-désagréablement tous mes sens ; celui de l’odorat est chez moi très-émoussé : je n’en étais pas moins sensible à l’effet suffocant de cette poudre presque imperceptible qui provient de la décomposition