Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/312

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du pain trempé dans de l’eau ; si elle peut y ajouter du beurre, c’est un régal. Sachant que son sort n’ira jamais au-delà, le paysan de Gournah n’en demande pas davantage ; il se contente de ce qu’il a ; il est heureux. Est-il jeune, tous ses efforts tendent à amasser la somme de cent piastres (environ soixante francs), afin d’être à même d’acheter une femme et de faire une noce. Les enfans ne sont guère une charge pour le ménage ; leur habillement ne coûte rien, car ils vont nus, ou ne sont couverts que de haillons. Quand ils avancent en âge, la mère leur enseigne comment il faut gagner quelque vêtement ; l’exemple des parens leur apprend d’ailleurs bientôt à tromper les étrangers et à leur extorquer de l’argent. Les femmes, quoique plongées dans la misère, ne sont pourtant pas étrangères à l’art de la coquetterie ; elles aiment à se parer de grains de verre, et de coraux grossiers. Celle qui trouve le moyen de se procurer une paire de boucles d’argent ou de bracelets, excite l’envie de ses compagnes. Quoique l’usage de l’Orient habitue les femmes à une grande modestie, il n’y a pourtant guère que les laides qui restent strictement fidèles à la coutume de dérober leurs traits aux regards des hommes. Les jolies, sans enfreindre précisément l’usage, trou