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voyages en égypte,


mait une intrigue pour empêcher l’enlèvement du colosse.

Le 24 juillet je me rendis chez le cacheff d’Erment, afin d’obtenir des ordres pour le caïmakan de Gournah et Agalta, à l’effet de me procurer quatre-vingts Arabes qui pussent m’aider dans l’opération du transport. Le cacheff me reçut avec cette politesse inaltérable, qui est familière aux Turcs ; elle ne les quitte pas, lors même qu’ils n’ont pas la moindre envie de satisfaire aux demandes qu’on leur adresse. Le voyageur, qui ne fait que boire du café et fumer avec eux en passant, prend aisément le change sur leurs véritables dispositions ; pour les bien connaître, il faut avoir avec eux des affaires où leur intérêt est compromis. Assurément il y a chez les Turcs des exceptions, comme il y en a partout ; et je me suis souvent vu détromper quand je m’y attendais le moins. Mais toujours est-il vrai de dire que les protestations d’amitié prodiguées envers des personnes qu’ils n’ont jamais vues, sont chez les Turcs une sorte de monnaie sans valeur, dont il faut se méfier. Je présentai, à ce fonctionnaire public, le firman du defterdar de Siout. Il le reçut avec respect, en promettant de faire tout ce qui dépendrait de lui, pour me procurer des ouvriers arabes. Cepen-