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en nubie, etc.


dant il me fit observer qu’ils étaient tous occupés pendant cette saison, et qu’il valait mieux attendre jusqu’à la fin de l’inondation du Nil. Je répliquai que j’avais vu autour des villages un grand nombre d’Arabes qui paraissaient désœuvrés, et qui seraient probablement bien aises de gagner quelque argent. « C’est ce qui vous trompe, répondit-il ; car ils mourraient de faim plutôt que d’entreprendre un ouvrage aussi pénible que le vôtre : en effet, pour remuer cette pierre, il faudrait qu’ils fussent aidés par Mahomet, autrement ils ne l’avanceraient pas de la longueur d’un pouce. Attendez que le Nil s’écoule ; alors vous pourrez avoir des ouvriers. » Il m’objecta ensuite le rhamadan qui commençait, et puis l’impossibilité de disposer des Arabes occupés dans les champs du pacha, et dont le travail ne pouvait s’interrompre. J’entrevis tous les obstacles de l’entreprise : je persistai néanmoins, et je lui dis que j’irais moi-même, accompagné de mon janissaire, ramasser des gens ; et que, conformément au firman dont j’étais muni, j’engagerais tous les Arabes que je trouverais désœuvrés et disposés à venir. « Eh bien ! me dit-il, j’enverrai demain mon frère pour voir si l’on pourra avoir du monde. » Je lui dis que je comptais sur sa parole, et je lui donnai à entendre