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en nubie, etc.

Notre société s’apprêta ensuite à une excursion à la seconde cataracte. L’obélisque allait être embarqué, lorsqu’un accident, causé par la trop grande confiance que j’avais eue dans l’habileté d’un des individus employés à l’entreprise, déjoua notre espoir. Je m’en étais reposé sur lui pour élever devant l’obélisque une barrière en grosses pierres afin de l’empêcher de couler dans le fleuve : celle qu’on avait élevée paraissait capable d’arrêter un poids quarante fois plus fort que celui-là. Néanmoins l’obélisque vint à glisser tout à coup, et descendit majestueusement avec toute la barrière dans le fleuve.

Je n’étais qu’à quelques pas de là quand cet accident arriva. J’avoue qu’à cette vue je restai stupéfait : je ne doutais pas que ce beau morceau antique ne fût perdu à jamais ; je voyais déjà en imagination le triomphe de nos adversaires, et je croyais entendre les reproches de tous les antiquaires. Parmi les ouvriers, les uns témoignaient du chagrin, non pas pour l’obélisque, mais pour le gain qu’ils perdaient ; les autres riaient d’un événement aussi inattendu. Peu à peu le monde se dispersa de part et d’autre, et me laissa rêver seul. J’étais assis sur le bord du Nil, ayant les yeux fixés sur la partie de l’obélisque qui s’élevait encore au-dessus du niveau des eaux et sur