Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 2.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
voyages en égypte,


quelques nattes une chambrette commode, fermée de tous les côtés : outre le plaisir d’être chez moi, j’y possédais deux onces de thé ; me voilà tout à coup plus contente que je ne le serais maintenant dans le premier palais de l’Europe. Les habitantes de l’autre partie de la chambre étaient une vieille femme, ses quatre filles et sa brue, femme du maître de la maison. Une des femmes apporta quelques mets ; on me fît entendre que c’était pour moi ; mais la fièvre m’empêcha de manger. Je vis la brue tenant la viande entre ses dents, la tirant avec une main, et la coupant ou plutôt l’arrachant avec un mauvais couteau qu’elle tenait dans l’autre, pour en faire de petits morceaux : je m’estimais heureuse de n’avoir pas envie de manger.

Je commençais à jouir d’un peu de repos quand j’eus une attaque d’ophtalmie. Pendant les premiers dix jours, une humeur purulente découla de mes yeux ; je n’avais rien à y appliquer et je ne pouvais supporter le jour ; je filtrai de l’eau pour les laver. Mais les femmes voyant cela poussèrent des cris et me dirent que les lotions faisaient empirer la maladie : en Nubie elles avaient la même idée.

Je dois rendre aux femmes arabes, tant musulmanes que chrétiennes, la justice de dire