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Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/131

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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

inconscience. Or moi, je suis peut-être coco, mais dès que l’amour paraît, je dis : « Attention : c’est sacré ! »

— Que c’est vrai ! affirme encore la cantatrice.

— Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que je m’érige en donneur de conseils. Il y a deux ans, une femme d’ami, qui n’avait pas plus de tempérament qu’un salsifis, madame — je le savais par le mari — me faisait de l’œil et m’agaçait. Un jour je l’ai prise… oh ! seulement par les poignets, comme le patron faisait tout à l’heure, et je lui ai dit : « Ça suffit ! Ne t’avise plus de m’exciter. Ne joue pas avec le feu. Moi, quand je m’allume, c’est un incendie !… »

— Puis-je reprendre l’eau de seltz ? demande le garçon.

— Et je l’ai bien regardée pour ajouter ceci : « Le jour où je m’allumerai, je ne tournerai pas autour de toi ; je te prendrai à la minute ; et où que nous soyons, je te posséderai ! »