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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

ne se pose pas plus sur les idées qu’un papillon sur les fleurs. Alors, parmi ces ballottés, Antoine, c’est le Rhône ou le Vent. Il commande, il s’impose, et il soulève dans le cœur de ceux qu’il mène une confuse admiration.

Cet excessif, d’ailleurs, leur rend leur sympathie. Il est brutal, mais, la journée finie, il sait s’attendrir sur des gens qui n’ont que des défauts légers et parfois des bontés charmantes.

— Quels gosses ! dit-il, après avoir affirmé : « Toute la France est peuplée d’incapables comme ceux-là. »

Il les dénonce, puis, aussitôt, pardonne. Et, par ce va-et-vient si sincère de son âme, il est sceptique, sans devenir blasé.

Je n’oublierai pas ce retour avec lui vers la vieille ville d’Arles. Il revenait las, mais heureux d’un effort parmi de belles choses. Et il parlait déjà de ce qu’il tenterait le lendemain.

— Le travail du cinéma, disait-il, quelle mer-