Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

ce n’était pas trop : un tiers du public ânonnait en lisant, comme à l’école primaire.

La Bêtise, qui est le vrai châtiment du péché originel, la Bêtise qui, sur cette terre, cherche sans répit à élargir sa place, la Bêtise humaine, historique, éternelle, a maintenant au cinéma un champ d’action nouveau sur lequel elle ne comptait pas il y a trente ans. Mon récit d’Antoine déchaîné l’indiquait ; le procès et le film ont confirmé ce jugement. Mais une grande figure comme Antoine console de tout. Les autres ne sont que des fantômes vite oubliés. Antoine vit dans la mémoire, étonnant, truculent, audacieux, courageux, et c’est pourquoi dans cette affaire il n’y a que lui qui compte, lui que j’aie voulu peindre, lui dont je me soucie.


Paris, Avril 1923.