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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Ah ! fait le cocher, sur les ponts, l’ordre est d’aller au pas.

Alors, Antoine éclate de rire :

— Quelle société !… Menez-nous au ponton de débarquement.

— Monsieur…

— Quoi monsieur ?

— Il n’y en a plus !

— Plus de quoi ?

— Plus de bateaux de voyageurs sur le Rhône comme au temps de Daudet.

Antoine tique et me souffle :

— Ça, c’est pour m’épater. Monsieur a des lettres et veut causer.

Alors, tout haut :

— N’importe. Où était-il, ce ponton ? Dans la tache de soleil ? Bon. Ça va. J’ai vu. Menez-moi maintenant chez un loueur d’autos.

— Mon cheval ne va pas assez vite ?

— Mais ne raisonnez donc pas, mon vieux ! Vous êtes là sur votre siège comme un arbitre du