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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

monde. Je dis : un loueur d’autos ! Fouettez votre rosse et allez-y ! Tenez, tenez, arrêtez !… En voilà un… vous ne l’avez même pas vu ! Se tenant toujours le dos, il pénètre dans la maison. Le cocher me regarde et dit :

— L’est pas commode, mais l’est rigolo !

Vingt secondes à peine : Antoine reparaît, me fait descendre, règle la voiture. Et deux minutes plus tard nous roulons dans une torpédo vers Fontvieille et le moulin de Daudet. Il m’explique :

— Il faut que je trouve moi-même le mas de Vivette, parce que je le vois, je l’ai dans les yeux je sais ce que Daudet a dit. Les autres idiots ne savent pas, ils n’ont pas lu. C’est un poète, alors ils rigolent ; ils s’en f… Ils aiment mieux lire des saloperies… Dieu, que c’est beau cette Provence !… Ah ! si je n’étais pas agonisant !

Nous filons vers les Alpilles, où les troupeaux tout l’été, paissent dans l’air vif. Elles sont harmonieuses et mesurées. Elles font à cette campagne, où tous les tons sont légers en dépit de ce