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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

plus grands cavaliers du monde avec quelques Persans et quelques Camarguais.

— Épatant ! Épatant ! dit toujours Antoine.

Puis il regarde la jeune fille de la maison. Il songe à Vivette :

— C’est effarant, dit-il, ce que nous faisons.

C’est de l’Opéra-Comique, du mauvais Opéra-Comique. Nous avons pris nos renseignements chez des coiffeurs de théâtre, au’lieu qu’il fallait venir ici.

Sur cette déclaration, le marquis devient plus confiant. Il s’excuse de ce qu’il sert.

— Pauvre petit vin du pays… Et ce coq est bien coriace !

Et il essaye, tout en mendiant l’indulgence pour sa cuisine à l’huile, d’expliquer doucement à ces Parisiens ce qu’est le taureau pour les âmes provençales. La jeune fille, droite sur sa chaise, est immobile, mais les yeux, où court la flamme de sa jeunesse, suivent à mesure, tout ce qu’évoquent les paroles du marquis. Quand un instant la conver-