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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

faut que je l’engueule à fond, pour qu’il n’ait pas la velléité de me montrer ses navets !

Le garçon reparaît. Il regarde Antoine avec des yeux ardents. Ses taches, sur son habit, ont l’air de miroiter. Et Antoine rugit :

— Qu’est-ce que c’est que ça ? (Il se penche sur un ravier.) Des sardines ? Vous vous foutez de nous, mon vieux ? À Arles, des sardines ? Voulez-vous m’apporter des olives et du saucisson. Et au galop ! Je veux avoir fini avant que les autres nous tombent sur le poil.

Il n’a même pas achevé sa phrase qu’ils sont là. On les a prévenus que le patron tempêtait à table : ils arrivent, moutons affolés. Aussitôt, Antoine, s’apaise. Il se lève même pour la grande cantatrice, arrivée le matin.

— Bonjour, madame. Avez-vous fait bon voyage ?

— Abominable ! J’ai changé trois fois de train. Ma femme de chambre s’était trompée…

— Eh bien, c’est votre femme de chambre