Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

qu’il faut changer, madame !… Enfin, vous êtes là, et toujours belle.

— Ne soyez pas trop indulgent !

— Ça, vous pouvez être tranquille.

Elle le regarde, les yeux noyés :

— Vous allez me faire marcher à la baguette ?

— Et comment !

Elle prend une attitude pensive.

— Si vous saviez avec quelles appréhensions j’arrive — moi qui n’ai jamais fait de cinéma !

— Alors, madame, mangez quelques hors-d’œuvre, dit Antoine, c’est excellent pour votre cas !

On sourit ; on s’assied ; on déjeune. Le Sociétaire ouvre la bouche, et, au lieu de l’emplir de nourriture, voici qu’il se met à parler. Et il parle tout de suite avec une sonorité telle que son oreille ne perçoit même plus quand d’autres parlent aussi. Antoine, qui se sent bien, dans son bon équilibre, le regarde, le déguste, l’excite, le défie ; bref, le met