Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Même quand je fais l’amour, j’y crois !

On sourit. Il reprend :

— Et j’ai été sur ce chapitre-là un gaillard, un mâle puissant, je vous jure ! Je n’ai pas couru la brune et la blonde au hasard, pour un simple et léger plaisir. Non. J’ai été chaque fois convaincu, disons le grand mot, amoureux.

Le garçon lui tend une assiette propre. Il rend son assiette sale et, rêveur :

— L’amour !

Le garçon soupire. Antoine remarque :

— Vous savez, mon vieux, qu’il faut avoir fini de déjeuner à une heure et demie tapant.

— Patron, je mange ! Parler ne m’empêche pas de manger. Et parlant d’amour, je pense à ce que j’ai vu jadis, grâce à mon ami Georges… vous le connaissez, patron ?

— Qui, mon vieux ? Georges V ?

— Non : Georges Albert.

— Albert Ier ?