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GRANDGOUJON

Pauvre vieux, il me plaît quand même. Viens, ma grosse fille que je te chatouille le ventre ; car je t’aime ; mais… il faut que je sorte : j’ai besoin d’air.

— M’emmènes-tu ? dit vivement Madame Grandgoujon.

Il lui prit les mains :

— Je ne peux pas : je vais me livrer à une exécution.

— Quoi ?

Il se rengorgea :

— N’aie pas peur… ça sera propre… Je vais voir Creveau.

— Pourquoi faire ?

— L’exécuter.

Il ricana :

— Ce monsieur a prétendu me faire passer larme à gauche : je vais lui montrer que je la garde à droite.

— Petit… petit, bredouilla Madame Grandgoujon, pense à Madame Creveau.

— Qui sera enchantée d’être veuve.

— Poulot ! reprit-elle, ne dis pas de plaisanteries qui me font mal. Madame Creveau est une femme juste, qui sait le pour et le contre. Son mari a énormément travaillé. Bon comme tu es…

— Erreur !…

— Si, tu es bon. Que vas-tu lui dire ?

— Tu le sauras dès mon retour. Je ne serai pas long : je vais lui fiche ça en deux coups de cuiller à pot. Il y a quinze ans qu’il me traite comme un larbin. « Si j’en ai la livrée, je nie en avoir