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GRANDGOUJON

Puis… il trouvait à Mademoiselle Dieulafet, de l’Odéon, d’adorables grands yeux. Ils étaient lumineux, profonds et caressants. Comment ne les avait-il pas remarqués au cirque ? Elle avait, grâce à ses yeux, un visage à faire rêver, cette petite ! Et lui, commençait un rêve, quand la porte du restaurant s’ouvrit, et l’on vit entrer Madame des Sablons, suivie de Colomb.

— Oh ! mon bon ami ! s’écria ce dernier, tendant les mains, quelle émotion de vous retrouver ! Pauvre cher !

Inclinant la tête, il regardait Grandgoujon dans les yeux, et il tenait sous le bras une boîte oblongue comme un petit cercueil. Grandgoujon fit simplement :

— Tu es gentil…

— Impossible de rentrer ! reprit Colomb…

— Qu’est-ce que cette boîte ? dit Moquerard.

— Quelle peine j’ai eue ! dit Colomb. Mais…il fallait terminer de grosses affaires.

— Qu’est-ce que cette boîte ? répéta Moquerard.

— Un paquet pour un prisonnier, dit Colomb.

— Ah ! des sardines ? dit Moquerard.

— Non, dit l’auguste Colomb : un peu de terre de France que je lui envoie là-bas.

— De la… ? Il est complètement fou, dit Moquerard. L’autre crève de faim, et il lui envoie de la terre !

Mais Colomb se tourna vers Grandgoujon.

— J’ai trouvé Madame des Sablons seule. Son mari vient d’être appelé télégraphiquement dans la Loire.