Il fronça les sourcils.
— Mauvais mouvement par là ! Des ouvriers qui sont la proie des meneurs. Propagande boche. Il fallait leur parler tout de suite. Alors j’ai dit : « Cherchons ce pauvre Grandgoujon pour dîner avec lui ».
— Oh ! brave vieux ! balbutia Grandgoujon, sans trop songer à ce qu’il disait, car il avait les yeux sur Madame des Sablons qui n’était ni en tenue d’infirmière, ni en uniforme, mais en tailleur, civil et modeste ; et Grandgoujon se demandait : « Est-ce lui qu’elle accompagne ? Est-ce pour moi qu’elle vient ?… Voyant l’autre entre ces demoiselles, est-ce qu’elle va tiquer ? »
Elle ne manifesta aucun trouble ni dépit. Alors, il avança une chaise :
— Madame, asseyez-vous. Ce brave soldat vient de m’amener le mioche que j’attendais.
— Qu’il est bien ce petit ! dit d’une voix pieuse Madame des Sablons.
Le moutard la regarda, défiant.
— Colomb, reprit-elle, c’est vous qui l’offrez ?
— Oui, c’est un de mes enfants, dit Colomb très digne.
— Voilà ! Et alors il n’y a que moi qui n’ai pas de rôle là-dedans ? fit Moquerard.
Puis il regarda Mademoiselle Dieulafet et sa sœur, et d’un ton farce :
— Un de ses enfants… qui est peut-être de moi… car j’ai eu une jeunesse galante dans bon nombre de provinces…