Mais Grandgoujon sourit, montrant, au contraire, son extrême politesse envers une personne dont les yeux lui donnaient du ravissement. Et songeur, la regardant :
— Depuis une heure, Mademoiselle, ce gosse n’a dit que trois mots. Il sera un petit français plein de sens.
— Comme c’est délicat, dit Moquerard, de tirer cette conclusion devant l’épouse en justes noces de Monsieur Punais, conférencier connu !
Et il dardait des yeux de dragon sortant de son antre.
— Oh ! Madame des Sablons me comprend ! reprit Grandgoujon. Il y a une lassitude générale ; nous ne croyons plus à ce qu’on nous dit, et nous ne savons plus ce que nous faisons.
— Parle pour toi ! fit Moquerard.
— Pardon !… dit Grandgoujon. J’ai cru d’abord que cette guerre nous ferait participer tous à la vie de la nation.
— Qu’est-ce qu’il veut dire ? demanda tout bas Mademoiselle Dieulafet, de l’Odéon.
— Crois-tu, chérie ma blonde, qu’il le sache ? dit Moquerard.
— Pardon, pardon !… reprit Grandgoujon.
— Peut-on servir les côtelettes glacées ? demanda Eugène.
— C’est prêt ? dit Grandgoujon. Servez chaud !… Et surtout des assiettes tièdes !… Vous allez voir : c’est prodigieux !… Poilu… ça va ?
— Ah ! dit le soldat, c’que j’rigôle !
— Alors, il faut boire, dit Grandgoujon. Eugène,