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GRANDGOUJON

redoutable. Mains inquiétantes, gueule énorme, de petits yeux de cochon. Mais, à sa porte, il possédait une serrure de prison et on se heurtait d’abord à un magasin bouclé. Quinze-Grammes cogna :

— Eh ! là-d’dans !

Silence.

Il donna un coup de pied. Cette fois, à l’intérieur, on s’ébroua, la serrure grinça, et le monstre parut, képi sur l’œil.

— De quoi ?

— S’agirait de nipper un nouveau, dit Quinze-Grammes, tandis que Grandgoujon saluait.

— Alors, je suis son larbin ? cria l’autre… J’ai pus l’droit d’bouffer ?

Il reclaqua la porte, et Quinze-Grammes eut un grognement :

— N’importe à quelle heure… il bouffe !…

Grandgoujon, lui, était atterré par ces façons violentes qui écrasaient sa bonté naturelle. Étaient-ils tous sur ce modèle dans une caserne ? Pourquoi est-ce qu’on ne se parlait pas, comme ailleurs ?

— J’te dis qu’on est rien, dit Quinze-Grammes… Des bouchons !…

Puis il ajouta :

— Y a qu’à s’asseoir… entracte pour les fesses !

— Qu’est-ce vous fichez ? clama une voix derrière.

Toujours le sergent.

Alors, Quinze-Grammes, très froid :