qui sont leurs amis, s’ils cachent de l’argent, et s’ils ont assez de santé pour mourir à l’ennemi. »
— Qu’est-ce que vous fichez là ? clama quelqu’un derrière.
Le sergent !
— Est-il enregistré ?
Calme, Quinze-Grammes dit :
— Oui… on y va.
Cloué par cette réplique d’une troublante incompréhension, l’autre renifla, et Quinze-Grammes d’entraîner Grandgoujon vers un premier bureau.
Il y flottait une odeur de suint chauffé. Dix scribes bâillaient sans écrire, mobilisés immobiles.
— Eh ! la coterie ! dit Quinze-Grammes, un pépère nouveau ! Le premier, avec effort, montra son voisin, qui désigna le troisième, et ainsi jusqu’au dernier, lequel indiqua : « Plus loin, dans le couloir. » Ils traînèrent alors de bureau en bureau, qui offrait chacun le même spectacle. Dans le cinquième, à condition d’être malmené, Grandgoujon réussit à faire accepter ses nom, âge, adresse et qualité.
— Maintenant, aux frusques ! dit Quinze-Grammes. Viens-t’en chez l’« garde-mites ».
On appelle ainsi le garde-magasin, l’homme qui détient les pantalons, capotes, képis, tout le harnachement du soldat. Sa vie à part, dans un domaine où il a toute puissance, en fait souvent un mammifère dangereux.
Celui qui reçut Grandgoujon était trapu et