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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/138

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Il arrivait en Angleterre, où le Gouvernement l’attendait ; il venait de faire une traversée heureuse ; il se voyait, écrivant des articles bien payés ; et joyeux de vivre, le cœur sur la main, lorsqu’on accosta à Folkestone, il tenait la tête à une petite nurse qui, blême et désemparée, s’effondrait sur une cuvette. Et il disait, le gaillard :

— Mon Dieu ! Vous avez eu peur ? Pourquoi ? Pensez-vous qu’on est torpillé comme ça ! Appuyez-vous sur moi… Moi, allez, comme disent nos poilus, je ne m’en fais pas !… Vous ne comprenez pas le français ?… Un peu ?… Alors, rendez, ma petite dame, n’ayez pas peur… Moi, je suis journaliste : j’ai vu tant de choses que je deviens fataliste et je me dis toujours avec calme, comme aujourd’hui : « Il arrivera ce qui arrivera. » Et… tenez, on est arrivé !