Aller au contenu

Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Mais il arriva dans Londres avant de s’en douter et le train était en gare qu’il se demanda tout à coup :

— Comment !… Y serais-je ?

En sautant du train, il vit des voitures dans la gare même, le long du quai. Il fit : « Ah !… ça c’est mieux que chez nous. » Un porteur s’approcha, qui paraissait désireux de prendre ses bagages. Il les donna, pensant : « Dame !… il n’est pas Français ! » Ils sortirent. Barbet fit : « Taxi » ; l’homme héla un chauffeur. Barbet dit encore, en essayant l’accent anglais, le nom d’un hôtel qui était français, et, chose admirable, le chauffeur comprit.

En cinq minutes il était arrivé, par une dizaine de rues qu’il ne regarda pas, car il songeait : « Confortables, ces voitures… à côté des nôtres… et le compteur, ma parole, ne tourne pas ! »

Pour ces cinq minutes, il paya tout de même un franc soixante-quinze, mais avec ravissement. Enfin, à l’hôtel, il eut quelque orgueil de trouver à son nom une enveloppe avec cet en-tête : « Service de Sa Majesté. » Il l’ouvrit. C’était un mot de M. John Pipe, le priant, dès son arrivée, de l’avertir à son bureau de propagande : « Victoria Street, 287. »