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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/154

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— … vous avez eu un geste inoubliable, en vous rangeant à nos côtés, le jour du viol de la Belgique.

M. John Pipe, souriant, se permit de dire avec douceur :

— Laisser le Belgique, aurait pas été honorable pour notre réputation…

Et là-dessus, sir Marmaduke recommença à parler sa langue touffue et obscure comme une forêt vierge. Lui aussi vanta la France, et Paris, et il dit qu’étant jeune, au Muséum, il avait vu « Mongsieur Chevreul » qui racontait qu’étant jeune lui-même, il avait vu guillotiner Robespierre.

— Par exemple, dit Barbet, que c’est curieux !

Et il pensait que lui-même étant encore presque jeune, il était invité par ce vieillard, et qu’il pourrait ainsi redire à de plus jeunes encore, etc…, etc…

Mais pendant qu’il songeait ainsi, sir Marmaduke se penchait de l’autre côté vers le superbe Si Hadj ben el Haouri qui arrivait de France.

— Quand nous débarquâmes en Marseille, disait ce personnage, il y avait de nombreux bateaux. J’en comptai cent quatre-vingt-trois. Les douaniers, qui étaient vingt-deux, furent contents