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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/176

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

que pendant nous dormirons, les ouvriers ils continueront de traîner, de tirer, de scier, de huiler, et demain, quand le Seigneur Dieu il fera encore une fois le soleil, il aura le beau spectacle de huit cents obus plus.

Dans le hall de l’hôtel il crut avoir une consolation. Il venait d’apercevoir trois fleurs dans un vase, sur la grande cheminée. Il courut à elles et il s’apprêtait à les respirer, mais ses yeux gourmands s’aperçurent qu’elles étaient en étoffe et en fil de fer. Alors, il dit à Barbet :

— Ah ! vous excuserez, je vous prie, mon Gouvernement de Angleterre, qui vous dérangea de votre beau pays pour vous montrer telles choses.

— Je suis ravi, dit Barbet, je vais raconter tout ça.

— En ce cas, triste métier de être journaliste, pensait M. John Pipe en remontant dans sa chambre.

Il était vraiment las : les jambes brisées d’avoir rôdé dans tous les coins de l’usine, et l’âme bien abattue de n’avoir rien vu qui fût rassérénant. Il sonna la femme de chambre et demanda du feu.

Quand il fut préparé, il l’alluma lui-même avec toutes les brochures que ces messieurs,