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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/175

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

repas : ils offrirent à leurs hôtes des cigares excellents ; et, même dans la fumée, ils continuèrent de discuter questions sérieuses et un peu affligeantes, — ce que M. John Pipe traduisit à Barbet en ces termes :

— Je crois il faudrait un bon déluge pour nettoyer les idées mauvaises aux hommes, et les rafraîchir dans leur entendement.

Enfin, on se leva de table et pour le malheur de M. John Pipe… on continua la visite ! Oui, on revit des ateliers, des halls, des fours grands comme des maisons, des monceaux de houille, des forges, des chambres de moteurs, des usines et des usines ; puis, tout un village en bois, construit depuis la guerre et déjà noir de suie, pour les ouvriers et leurs familles. M. John Pipe n’en pouvait plus de voir tant de choses charbonneuses par terre, tant de restes de limaille partout, tant d’hommes travailler dans la graisse, dans le bruit, dans un air sale et épuisant. Et il était plus accablé encore quand on lui remettait des catalogues, des barêmes, des statistiques, où était notée la marche ascendante de la fabrication.

— Pensez, expliquait-il avec mélancolie, le soir en rentrant à l’hôtel, pensez, mongsieur Bâbette,