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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Puis il montra un parapluie… inouï ! — un parapluie tel que devrait en avoir un amiral, si les amiraux pouvaient avoir un parapluie, — un parapluie avec des glands dorés comme un chapeau d’évêque, et je ne sais quels ornements luxueux sur le manche, tels ces bas-reliefs aux inscriptions de victoire qu’on voit sur les colonnes triomphales des places publiques. Enfin M. John Pipe était beau avec cet instrument de gloire, et ce fût presque un malheur que les cataractes du ciel cessassent juste au moment où il l’ouvrait.

À cette minute précise un officier de marine accourut vers lui, ôta sa casquette et le salua ainsi que son compagnon, disant qu’il le saluait, car il avait reçu de l’Amirauté l’ordre de venir le saluer… Cette entrée en matière, de la part d’un civil, eût pu paraître maladroite, mais d’un militaire elle était correcte, disciplinée et bien charmante.

L’officier de marine était un Commodore, dont la mâchoire rappelait celle des requins. Il évoquait donc des scènes redoutables. Néanmoins, Barbet souffla avec courage à M. John Pipe :

— Annoncez-lui que je suis chargé de mission.

— Oh ! yes… Mongsieur Bâbette, important