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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/208

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

se reposait, qu’il logeait entre deux tournées sur mer, qu’il fumait sa pipe, qu’il cultivait ses pommes de terre !

Car il avait des pommes de terre en caisses, à la porte du salon, et elles poussaient charitablement, avec la même vigueur que dans un champ. Que M. John Pipe fut attendri par ce spectacle ! Il y avait aussi un perroquet des Îles sur un perchoir, un ouistiti qui s’enfuyait devant les visiteurs et, de loin, les regardait de son œil de pauvre homme. « Que tout cela il était charmant ! » murmura M. John Pipe. Et Barbet, des yeux, cherchait le ministre au Ravitaillement.

Le ministre se lavait les mains dans le cabinet de toilette : on entendait un grand bruit d’eau. En l’attendant, le Commodore à la mâchoire de requin fit voir à ces messieurs, dans son salon, mille choses à quoi il tenait et qui flattaient son amour-propre : la photographie de Mme Sarah Bernhardt, signée : « elle était venue sur son bateau » ; celle de George V, mais pas signée « il avait toujours dû venir sur son bateau » ; un bouddah rapporté des Indes ; un morceau de toile d’un aéroplane boche ; des débris de bombes de Zeppelin.