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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/215

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

yeux Barbet, important journaliste, il dit avec un fort accent et d’une voix qui tremblait comme toute sa grande personne :

— Vi… Vive Verdun !

C’était tout ce qu’il savait, tout ce qu’il pouvait dire dans la langue de son invité.

Puis il se rassit tout d’une pièce ; et il respira fort, regardant toujours Barbet.

Et Barbet alors se leva, mais brusquement, fougueusement, passionné, cabotin et le bras droit tendu vers le Ministre, il jeta au plafond le cri de :

— Vive l’Angleterre !

Il lança un coup d’œil à M. Elphinston ; puis par peur de n’avoir pas été compris, il recommença :

— England for ever !

Cette fois M. Elphinston s’inclina. En sorte que Barbet se crut autorisé à continuer en français :

— En saluant Verdun, monsieur le Ministre, c’est toute l’Armée française que vous honorez. En son nom je vous remercie. Nos chers poilus, avec qui je me suis entretenu tant de fois, méritent toutes les admirations. Mais les entendre louer par des alliés loyaux et puissants, c’est pour moi une émotion double et durable. Je