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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/235

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

tête au-dessus du parapet. Une balle boche siffle ; le bonhomme s’écroule ; deux soldats se précipitent : rien à faire. C’est un cadavre. La balle l’a frappé au front.

Alors, le capitaine se leva et dit :

— Vous avez vu ? Eh bien, c’est cela se faire tuer bêtement.

Et à Barbet et au superbe Si Hadj ben el Haouri il remontra du doigt les grandes pancartes de toile blanche qui dominaient le cirque, et sur le ton d’un général qui fait une proclamation, il leur traduisit ce qui y était écrit :


« Soldats d’Angleterre, ne vous faites pas tuer bêtement ! Le pays a perdu trop d’hommes de cette façon ! »


— Merveilleux ! dit Barbet transporté. C’est ce qui manque chez nous !

Il serrait le poing :

— En France… c’est un grand pays, la France… mais…

— Oh ! monsieur, interrompit le superbe Si Hadj ben el Haouri en entendant ces mots, j’ai vu en France tant de si grandioses et belles choses, tant de théâtres, de palais, magasins et de cultures, et tout le monde avec moi a été si