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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Ne m’avez-vous pas dit, monsieur John Pipe, que le château d’Hampton-Court était en briques rouges ?

— Oh ! yes. Ma fille et moi avons été hier pour l’admirer encore. Grande belle chose. Nous sommes revenus remplis de tendresse et louant Dieu le Seigneur tout puissant.

— Mais, dit Barbet avec une ironie supérieure, ce n’est pas Dieu qui a fait Hampton-Court ?

— Yes, yes, car sans Dieu, mongsieur Bâbette, les hommes ne savent avoir aucun goût ni génie. Et c’est à cause que le génie habite votre pays que l’on a inscrit dessus vos pièces de monnaie les plus grosses que « Dieu protège le France ». Mongsieur Bâbette, avec chacun des Anglais, j’aime le France !

Ils longeaient tous deux le train, guettant dans les compartiments.

— Et moi, monsieur John Pipe, dit Barbet, avec tous les Français j’aime l’Angleterre !

Mais il avait un geste solennel, tandis que M. John Pipe était toujours ému.

— J’aime le France, reprit doucement M. John Pipe, car c’est le pays dans le monde le plus digne, vraiment, pour être aimé, mongsieur Bâbette. Oh ! il existe des peuples riches, en des