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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Ah !… Comme tout cela est juste ! murmura encore Barbet, frappé cette fois de la lucidité et de la finesse du bonhomme.

Et à cette idée il rageait de n’avoir pas compris la veille que miss Evelyn était miss Pipe. En somme, avec son air de n’y pas toucher, l’autre lui avait joué un tour, et Barbet s’était tenu sur la réserve parce qu’il avait cru… Diable ! Il en serrait les poings !

Sans avoir l’air de deviner rien de ces pensées agitées et presque rancunières, M. John Pipe poursuivait, regardant Barbet avec des yeux de bon chien qui va se séparer d’un ami :

— Que je suis bien heureux, mongsieur Bâbette, vous avoir connu dans si tragique année ! Il faut nous continuions nous écrire, voulez-vous ? Et je veux lire les articles que vous faiserez sur le Angleterre.

— Je vous les enverrai, dit Barbet généreux.

Une seconde ils furent distraits par l’embarquement d’une douzaine de petites nurses, toutes jeunettes, bien laides et affreusement déguisées, avec des capelines en serge sèche et des chapeaux de paille à rubans tricolores, mais qui étaient touchantes aussi par le sentiment qui les animait. L’une d’entre elles avait ses vieux parents ;