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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

pays de France, roulant en chemin de fer et pour passer le temps contant sa tournée à ses compagnons de voyage, il entendit un important monsieur décoré lui dire :

— Mais, monsieur, le Deutschland, il n’est nul besoin d’être Anglais ni grand clerc pour savoir ce qu’il en est advenu ! Je suis des docks de Boulogne, et par un concours de circonstances que je ne puis détailler, je connais exactement le sort tragi-comique de ce sale sous-marin boche. Voulez-vous l’histoire ? Le Deutschland a parfaitement réussi, comme on nous l’a dit, à rentrer dans les eaux de Hambourg. Seulement, sans être vu, un sous-marin anglais a réussi également à le suivre. Les Boches, heureux de retrouver leur canaille de bateau, ont voulu fêter son retour ; toutes les fanfares de la ville sont donc venues, monsieur, dans de petits canots, le saluer, l’entourer, l’inonder d’harmonie, et c’est alors qu’au beau milieu de la fête, le sous-marin anglais, avec l’humour qui caractérise cette nation, a envoyé une bonne torpille, en sorte que tout a sauté, Deutschland et fanfares !

— Ça, par exemple ! fit Barbet transporté.

Il retrouvait, enfin, les bonnes histoires de son pays.