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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Et je vous garantis les détails authentiques, se crut obligé d’ajouter le monsieur des docks en se caressant la barbe.

Sitôt à Paris, ce fut la première histoire que Barbet conta sur l’Angleterre. Sa femme y trouva un parfum bien britannique.

Ah ! sa femme ! Elle l’attendait à la gare, le mangea des yeux, fourragea dans sa valise.

— Mais on sont tes notes, dis-moi ? Je ne trouve que du linge sale ?

Il reprit gravement :

— Ma chère, tu ne sais pas la vie que j’ai menée. Tu te figures qu’on a le temps de prendre des notes… Sans compter que j’ai horreur de ça… c’est bon pour les petites choses… Ce que je viens de voir et de vivre demande à être traité largement ! Je n’ai pas envie de m’enfermer dans mon bureau ; j’ai besoin de grand air. Veux-tu venir au café ? Je vais commencer à te raconter… Commencer seulement, car j’en ai pour huit jours. Ah ! ma pauvre amie, que je suis las, mais que c’est bien !

— Les Anglais ?

— Peuple admirable !

— N’est-ce pas ?

— Quelle force, quelle volonté !