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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Elle accepta avec des yeux brillants. Il la traitait comme il ne l’avait jamais fait encore. Elle le sentait l’homme du jour, l’homme qui sait des choses, qui va les dire dans un grand quotidien et qui doit pouvoir entrer chez le patron quand il veut, comme il veut, y amenant qui il veut.

Malheureusement, ils attendirent trois quarts d’heure dans l’antichambre.

Au bout de ce temps, ils trouvèrent un homme maussade et pressé, qui ne regarda même pas Mme Barbet et qui accueillit son rédacteur comme s’il l’avait vu le matin même.

— Vous avez quelque chose d’urgent à me dire, mon cher ?

Et pour accompagner le ton bref, la main tremblotait, impatiente.

— Patron, dit Barbet, je reviens d’Angleterre.

— Avec des articles ?

— Patron, balbutia Barbet, il y a mille choses à faire…

— Lesquelles ?

— Ah ! patron, d’abord… je voudrais vous soumettre une ou deux idées que j’ai, et qui…

— Est-ce long ?

— Non, patron. Voici : je crois, n’est-ce pas, que le journalisme c’est de l’imagerie ; j’entends,