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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/34

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

tel jour et repartez tel autre. » En France, une maîtresse de maison a le tort de dire l’heure où l’on se réunit, sans indiquer le moment où elle aime qu’on se sépare. Et les misanthropes prennent congé si tôt, qu’elle grogne, dépitée : « Ceux-là… une fois le dessert !… » ; mais les parasites s’éternisent si tard, qu’elle baille : « Veulent-ils un lit ? » Les Anglais ne vous laissent aucun espoir qu’ils pourront vous retenir ; et Barbet, d’avance, sentit qu’il n’aurait aucune amertume à ne pas être retenu.

Il arriva à un hôtel où on le présenta, sur la porte, à un jeune officier, très grand et de figure aimable, qui portait la casquette rouge de l’État-Major.

— Major James Pipe, dit l’Anglais, qui parlait allemand.

Barbet s’inclina, serra une main, balbutia :

— Monsieur le major, très heureux… L’honneur de ma mission officielle…

Et tout de suite, riant, le major James Pipe lui répondit avec un fort accent d’outre-Manche :

— Très contente aussi, mongsieur Bâbette ; mais nous avons pas beaucoup temps et devons faire si vite que possible.

Une flamme dans les yeux, Barbet répondit : « Je suis votre homme ! » Il affermit son cha-