Aller au contenu

Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Sous la banquette, ces messieurs trouveront…

L’auto démarrait. On l’entendit crier :

— … Des sandwichs au filet de bœuf avec une bouteille de Saint-Émilion !

Dés que l’auto fut en route, Barbet, médusé par la ténacité de ce serviteur roublard autant que par la riposte flegmatique du major, Barbet ne pensa même pas à regarder Amiens qu’on traversait. Il était occupé à chercher quoi dire de définitif. Il balbutiait : « C’est fabuleux ! » et aussi : « Vous êtes superbe ! ». Puis, il affirma, se cambrant sur la banquette, qui était trop molle pour un orateur :

— Savez-vous, major, ce qui m’apparaît tout de suite à moi qui ne vous connais que depuis dix minutes ?

Le major James Pipe eut un bon rire jeune :

— Dites, mongsieur Bâbette !

— C’est qu’avant tout, vous êtes des amoureux de liberté.

— Oh ! yes, dit le major James Pipe, je connais personne plus agréable que Madame Liberté.

— Tenez, dit Barbet, ce que vous serrez là, dans votre main…

— Stick ?