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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/43

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Oui, un stick, ça n’a l’air de rien, mais c’est une badine, major, ce n’est pas une cravache ! Et vous, officier, restez élégant sans morgue ; vous n’êtes pas guindé, corseté, contracté, vous ressemblez à vos aïeux qui se faisaient peindre au grand air, parmi les arbres de leur parc.

— Ah ! Ah ! Oh ! Oh ! fit le major James Pipe, flatté de ce rappel aimable.

— C’est beau, dit encore Barbet, de faire la guerre comme vous… Mais… à votre avis, est-ce bientôt la fin ?

Alors le major James Pipe dit avec un accent de pleine santé :

— Ça, ça peut pas être avant demain ! Donc, laissez-nous vivre premièrement aujourd’hui, voulez-vous ?

Et ce fut Barbet qui éclata de rire.

Ils étaient tous deux dans une auto féline et puissante, anglaise elle aussi, et ce n’était pas une hideuse machine pour la guerre, mais une charmante voiture pour la paix, — forte et souple, qui supprimait presque tous les cahots d’une route bouleversée jour et nuit par des milliers de camions. Elle s’appelait la M. 24365, et comme Barbet remarquait :

— Admirable, votre voiture !