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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/47

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

En parlant ainsi, il continuait de tourner le dos aux troupes qui défilaient toujours.

James Pipe approuvait ; en sorte que Barbet continua, jouant soudain l’homme amer :

— Depuis que le monde est monde, c’est par les armées que les humains ont connu les misères les plus lourdes ; mais vos soldats…

Il se redressait, l’œil allumé :

— … Rien qu’à les voir, on se figure qu’il y a des façons nobles de faire la guerre !… Vous êtes un maître peuple !

Il se trouva que sur cette phrase l’auto fut dégagée. Le major fit signe au chauffeur, avide de bondir sur la route, et il dit à Barbet :

— Avez-vous vu leur nouveau casque ?

— Bombé ?

— Nô. Plat.

— Ah parfaitement, dit Barbet.

Puis vivement :

— N’est-ce pas, les Boches seront battus ?

Le major reprit :

— Mais ils sont !… puisqu’ils sont les plus forts et ils avancent pas.

Maintenant, tout le long de la route, c’était l’incessant va-et-vient d’une immense armée d’arrière qui ravitaille l’énorme armée d’avant. L’auto