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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/64

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Prenez garde !… Feu !

— Comment, feu ?

— Je dis : feu, reprit le major. Vous aurez votre bouche brûlée. C’est du piment.

— Tout ça ? cria le marchand de conserves.

— Oh ! fit James Pipe imperturbable ; l’autre bâtisse, de même, il est plein avec du piment.

— Sont-ils loufoques ! conclut M. Persigris.

Sans se lasser, l’Écossais, agenouillé sous sa jupe à plis qui bouffait drôlement, ouvrait une caisse à coups de marteau, et y pêchait deux boîtes en zinc. De son canif il découpa prestement les couvercles et fit voir une pâte jaune que le marchand flaira :

— Beurre, dit en souriant le major.

— Que ça pue ! ajouta M. Persigris.

— Beurre des Indes, reprit le major.

— Au lait de rhinocéros ? continua M. Persigris.

Pas plus que l’Écossais, Barbet ne voulut avoir l’air d’entendre. Puis il songeait encore aux gaz asphyxiants. L’autre insista :

— Avec ça, qu’est-ce qu’ils se fourrent dans le gésier ?

— Ici, dit placidement James Pipe.

L’Écossais, en deux temps et trois gestes, venait de faire une brèche dans une caisse métal-