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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/84

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

droit où nous sommes, des Australiens se battaient, et je connais un lieutenant, les Boches l’assiégaient. Il était derrière une petite remblai, presque pris, sans défense ; alors le captain boche cria à lui : « Croyez-vous vous sauver ? Mais ce n’est pas possible ! » Il répondit rien… et le captain boche cria encore à lui : « Rendez-vous ! » Alors, le lieutenant se tenant bien droit et gentillement, il dit cette fois : « Mongsieur Fritz, cela, ce est pas possible non plus ! »

Après quoi, James Pipe mangea un nouveau bon morceau de sandwich, et tout en mastiquant, il raconta une seconde histoire, dont voici le résumé :

Chacun se figure l’horreur d’une mine qui saute, de la terre qui éclate, d’une compagnie d’hommes qui volent en l’air, déchiquetés. — Or, à cent mètres du lieu où Barbet et le major étaient en train de manger des tranches de viande entre deux couches de mie, un capitaine écossais, qui occupait les tranchées avec sa troupe, avait entendu sous terre le travail sourd et terrible de l’ennemi. En même temps, par pli fermé, l’État Major l’avait averti : « Vous allez sauter… Rien à faire… il faut tenir la position… » Devant cette fatalité, il était devenu nerveux d’abord,