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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/87

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

malheur où il était si peu responsable, il dit simplement, mais d’un ton raide comme sa personne :

— Monsieur l’étranger, vous m’excuserez : je n’ai pas pu faire mieux.

Le capitaine au jeu de dames, l’ordonnance et sa jument, ce sous-officier si digne dans sa malchance, ils appartenaient tous à la même petite compagnie d’Écosse.

L’immense armée anglaise est riche d’histoires pareilles que la mémoire des hommes ne retiendra pas. C’est la menue monnaie journalière ; elle s’usera vite avec le temps ; mais pendant qu’elle nous passe dans les mains, nous nous devons d’en admirer l’effigie avec un cœur bien ému.

Et c’est ce que pensait James Pipe qui, craignant par pudeur d’exprimer son sentiment personnel, dit, lorsqu’il eut fini :

— Mon père et ma sœur ils aiment beaucoup les histoires…

Barbet les goûta-t-il ? En tout cas, ce qu’il aima, c’est apprendre que le major Pipe avait une sœur. Cette simple nouvelle éveilla dans son esprit de français toute une série d’idées galantes.

— Quel âge a-t-elle ? demanda-t-il avec un sourire d’homme du monde.