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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/96

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Vous êtes charmant, dit Barbet. C’est un sacrilège, tenez, qu’un homme comme vous ait à combattre des goujats comme eux.

L’auto donnait tout ce qu’elle pouvait. Elle eut tôt fait d’atteindre ce coin de terre dévastée, qui, à distance, ne paraît plus grand chose, mais qui, dès qu’on approche, prend de la hauteur et de l’étendue.

James Pipe, plus leste qu’un chat, grimpa dans les ruines, et du haut d’un mur il dit, riant d’un bon rire :

— Je vais vous tirer… j’ai un petit corde.

Puis, avec une joie d’enfant, il sortit de sa poche une ficelle qu’il lia à ce qui restait d’un arbre, et il hissa Barbet en s’amusant comme un fou.

Barbet, l’entendant rire, se rappela que son grand-oncle, qui avait voyagé en Angleterre, racontait toujours après les repas :

— C’est un peuple d’enfants. Ils s’amusent de tout !

— Brave James Pipe ! conclut Barbet, avec le sentiment d’être, quand même, un peu supérieur.

Sur le Mont Saint-Quentin où il ne reste que des gravats et que des oiseaux qui cherchent leurs nids, il se sentit, une minute encore, mélanco-