Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/47

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Pierre. — Elle ne les a eus que deux fois.

Mme Hamelin. — Mais ne la soutiens donc pas. Regarde ton appartement !… (Résolue.) Je ne veux pas que tu continues cette vie… Tu me fais de la peine. Tu travailles beaucoup : je sais ce que tu travailles. Tu as besoin d’un intérieur soigné, où tu sois tranquille, où tu aies chaud ! Je suis sûr que tu as froid !

Silence.

Suzanne. — Mais réponds à maman !

Pierre. — Je n’ai rien à répondre : je n’ai pas froid.

Mme Hamelin. — Eh bien ! je vais te faire une flambée tout de même : je sens que tu dois être gelé. Suzanne, mon chat, cours à la cuisine voir s’il y a de petits allume-feu à résine.

Suzanne. — Oui, maman.

Elle sort. Mme Hamelin ôte son chapeau et se met à genoux devant la cheminée.

Mme Hamelin. — Je t’assomme, hein ? (Un temps.) Tu me regretteras, va, quand je n’y serai plus.

Pas de réponse. Suzanne apporte les allume-feu.

Mme Hamelin. — Merci. (Elle allume le feu. À Pierre.) Mais surveille-le, maintenant. Tiens, on sonne ! Suzanne, cours vite. (Criant.) Qu’est-ce que c’est ?

Suzanne, dans l’antichambre. — Le charbonnier.

Mme Hamelin. — Le charbonnier ? Oh ! mon Dieu, qu’est-ce qu’il apporte ?

Suzanne, accourant. — De la tête de moineau et du charbon de terre.

Mme Hamelin. — Ah ! la caisse de la cuisine est-elle vide ?

Elles sortent ensemble.