Pierre. — C’est… que je n’ai pas de place dans mes tiroirs.
Mme Hamelin, rentrant, indignée. — Dis donc, il apporte du charbon de terre en blocs, pour locomotive, et de la tête moineau minuscule, invisible !
Pierre. — Ah ? Eh bien ! fais-lui remporter.
Mme Hamelin. — Remporter ! Mais vous avez besoin de charbon.
Pierre. — Ah ? Eh bien ! fais-lui laisser.
Mme Hamelin. — Mais c’est un vol indigne !
Pierre. — Alors, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Mme Hamelin. — Attends : je vais toujours l’attraper !
Elle repart.
Pierre, mélancolique. — Elle est admirable pour son âge : c’est la furia française dans toute sa nouveauté.
Suzanne, revenant avec un balai américain. — Veux-tu que je donne un petit coup ici, avant que tu te remettes à travailler ?
Pierre. — Non.
Un temps.
Suzanne, soupirant. — Tu n’es jamais gentil avec ta sœur.
Pierre. — Moi ?
Suzanne. — Tu me rabroues toujours.
Pierre. — Toi ? (Il ricane.) Oh ! (Un temps.) Suzanne, je trouve que tu te coiffes, depuis quelque temps, d’une façon exquise.
Suzanne. — Oui…, bien sûr, des compliments serins !… Qu’est-ce-que ça peut te faire la façon dont je me coiffe !… (Silence.) Tu me traites comme une petite fille.
Pierre. — Je ne sais pas ce que tu veux dire… Évidemment, je ne m’occupe que de toi… J’ai…