Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/51

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et les articles 2, 3, 4, 7, et 15 de la loi du 15 avril 1906, le Conseil de Préfecture arrête… »

Suzanne, entrant. — Pierre, maman demande si c’est tes bottines vernies ou pas vernies que tu mets ?

Pierre, soupir. — Je mets un pied de chaque !

Suzanne. — Tu vois, tu te moques toujours de moi !

Elle claque la porte.

Pierre, fermant résolument son livre. — Je vois surtout que je ferais mieux de me tourner les pouces… Ça assouplit les muscles des mains. Ce serait toujours ça de gagné.

Suzanne, entrant en colère. — Oui, c’est moi, encore moi. (Elle replace la lampe, qu’elle a prise tout à l’heure. Et, en sortant, elle se retourne.) Pacha, va !

Pierre. — Perruche, va !… (Seul.) Il y avait longtemps qu’on ne m’avait pas servi ce vocable imbécile !

Il marche de long en large, haussant les épaules. On entend claquer la porte de l’appartement.


Scène IV

Marinette, entrant. — Bonjour !

Pierre. — Ah ! te voilà, toi ?

Marinette, riant tout de suite. — Pourquoi ce ton ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Pierre. — Il m’est arrivé d’abord un serrurier.

Marinette, joyeuse. — Ah ! Il est venu ? Tant mieux !

Un temps.

Pierre. — Il m’est arrivé, ensuite, ma mère et ma sœur.

Marinette. — Tiens, moi qui voulais les voir.

Pierre. — Tu seras servie. Elles sont là.

Marinette. — Où ?