Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/54

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Marinette, riant. — Moi, dès vingt ans, je veux échapper à la condition humiliante que la société me réserve.

Mme Hamelin. — C’est très joli, ma petite, mais si vous avez des enfants ?…

Marinette. — Maman, attendez !

Mme Hamelin. — Et votre mari ?

Marinette. — Il est assez grand pour ne pas tomber dans le feu ! D’ailleurs, je ne l’avais pas allumé.

Mme Hamelin. — Vous êtes peut-être drôle, mais vous parlez trop, voyez-vous, Marinette. Vous ne comprenez pas la gravité du mariage… J’ai été mariée avant vous et je vous jure que si, de mon temps, nous avions tenu nos intérieurs comme vous tenez le vôtre…

Marinette. — Je le tiens si peu.

Mme Hamelin. — Justement. Nos maris nous auraient fait entendre que ça ne pouvait pas durer. Mais vous êtes tombée sur un garçon exceptionnel, qui ne se plaint jamais et qu’on mène par le bout du nez !

Marinette. — Et « on » c’est moi ?

Mme Hamelin, sautant. — C’est vous ! Oh ! je suis franche ! D’autant plus qu’avec le caractère charmant que vous avez, vous pourriez être un modèle de jeune femme !… Et je serais fière de vous, comme si vous étiez ma fille !

Un temps.

Marinette, vexée. — Maman, avouez que c’est votre petit garçon qui vous occupe uniquement… Vous voulez que je ne le laisse pas dans un courant d’air, mais vous trouvez naturel que, moi, je m’y mette.

Mme Hamelin, s’adoucissant. — Oh ! Ma-