Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/60

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Mme Hamelin, s’approchant. — C’est vrai, mon grand ?

Pierre, sérieux. — Oui…, un peu.

Mme Hamelin, décidée. — Alors, il faut lui faire du thé tout de suite. (Empressée.) Marinette, où mettez-vous votre thé, ma petite ?

Marinette, riant. — Maman, je suis chez moi, ce mari-là est à moi ; et je ferai mon thé moi-même !

Mme Hamelin. — Mais non, laissez-donc, ça m’amuse.

Elles sortent ensemble. Un temps.


Scène VIII

Suzanne, accourant. — C’est vrai que tu es malade ?

Pierre, désespéré. — Oh !… Mais non, je ne suis pas malade !

Suzanne. — On vient de me le dire… (Soupir.) Il n’y a donc qu’à moi que tu ne veux pas parler ?

Pierre. — Écoute, Suzanne, ça devient la folie de la persécution… Il ne faut pas forger des histoires… Je ne suis pas malade, j’ai mal à la tête, on me fait du thé : voilà. Je ne peux pas dire ce qui n’est pas…

Suzanne. — Si déjà tu disais ce qui est…

Un temps.

Pierre. — C’est toi qui n’es pas gentille… Pourquoi fais-tu la moue ?… Je ne te comprends pas.

Suzanne. — Tu as l’air gêné chaque fois que tu me vois.

Pierre. — Depuis quand ?

Suzanne. — Depuis que tu es marié.

Pierre. — Pourquoi serais-je gêné ?

Suzanne. — Je ne sais pas… Tu as une femme. Alors, les petites filles te font un peu